Historique de Montpezat
D’après Alain Costes in Archéo en Savès (1996 et 2000)
L’actuelle commune de Montpezat s’est constituée en 1829 de la réunion de celle de Gensac-Savès à la commune primitive de Montpezat. La première communauté villageoise se fixe au moins au XIe siècle à Gensac, aux abords de la motte castrale et celle de Montpezat au milieu du siècle suivant.
Aux origines : Gensac
Autour de 1130, les comtes de Comminges héritent de l’ancienne seigneurie de Samatan-Muret et par conséquent du Savès, pour lequel les comtes pyrénéens doivent hommage au comte de Toulouse.
Si le terroir de Gensac demeure en 1199 une seigneurie locale représentée par Adhémar de Gensac, il sera rapidement inclus dans la seigneurie commingeoise de Monblanc.
En 1317, à la création de l’évêché de Lombez, démembrement de celui de Toulouse, l’église et la cure de Gensac seront siège d’une paroisse dont Montpezat sera une annexe jusqu’à la Révolution, preuve de l’ancienneté du lieu, d’ailleurs voué à saint Martin, évangélisateur de la Gaule. Le château, installé sur la motte médiévale, est à partir de 1680 habité par des nobles de robe, les Colomès dits “de Gensac” qui détiennent le domaine et les droits seigneuriaux.
Le bourg castral
Quant au village de Montpezat, qui se situe au sommet d’une crête, il est cité en 1201 comme une “chapellenie ”, dont Domenge de Forgues en est le dignitaire. Il est difficile de dater l’apparition de l’important castrum qui a dû tirer son nom en référence à l’antique et surprenante forteresse commingeoise de Montpezat, près de Saint-Martory. Biens des Comminges-Savès de Monblanc, il figure dans deux inventaires des biens de ces derniers en 1240 puis en 1269.
En 1280, le comte Bernard IV achète mille livres tournois les châteaux de Monblanc et Montpezat (« castrum Montispezati de Savesio »), à Aimeric de Comminges-Savès, son cousin, et lui recède en fief ; la procédure visant à éviter un héritage malheureux qui aurait pu faire sortir ces deux précieuses places fortes du comté. En effet depuis les défaites des toulousains et de leurs alliés Commingeois à Muret en 1213, le domaine de ces derniers est régulièrement grignoté par le frère de saint Louis et dernier comte de Toulouse, Alphonse de Poitiers, qui a intégré dans le domaine royal entre-autres Lombez, Sajas et Sainte-Foy de Peyrolières.
L’édification dut intervenir au plus tôt vers 1150 et au plus tard dans les années 1220, ce qui serait plus logique puisque la période correspond au redressement éphémère des Commingeois avec l’organisation de la défense du domaine comtal. La création de cette place forte se fait à un emplacement important au croisement de routes commerciales de Carbonne à Lombez, qui permettra aux évêques et leurs fermiers d’accéder au sud-est de l’évêché (Fustignac), et celle de l’Isle-en-Dodon à Rieumes.
Ce “castelnau ” est le plus impressionnant du Savès : avec un diamètre sommital d’environ 100 mètres et d’une hauteur atteignant presque 10 mètres, cette large plate-forme offrait donc un panorama intéressant idéal pour la surveillance. Il s’agit d’une plate-forme circulaire entourée de profonds fossés et ceints d’un rempart de blocs énormes de calcaire dont une partie a été réemployée pour la construction de la nouvelle église en 1841.
Ouvert par une unique porte, il est occupé à l’origine par un donjon, une dizaine de maisons coiffent son sommet comme on peut le voir sur le plan cadastral de 1829.
Entre 1290 et 1317, le roi annexant le château comtal de Rieumes, Montpezat devint le siège d’un chef-lieu de châtellenie comtale, qui remplaça aussi celle de Samatan ruinée par les Anglais en 1355 et bien attestée en 1375. Au XVe siècle le comté de Comminges étant réuni à la couronne, la seigneurie de Montpézat est ensuite engagée (fermage) par le roi, en particulier en 1750 aux de Bon du Callaoué.
Le Barri (les couverts) voir plan
A quelle époque s’adjoint au “castrum” le faubourg commerçant, le Barri ?
Les travaux d’aménagement de 1996 n’ont donné comme indices que de la céramique de type “commingeois” qui n’est apparue qu’à la fin du XIIIe siècle. Est-ce vers cette époque qu’il faut voir la création de la première halle et des auvents ?
La fouille des silos et l’observation attentive des tranchées lors des travaux laisse supposer que ce qui reste aujourd’hui de l’ensemble n’est pas antérieur à la fin du XVe siècle. Si le quartier pu servir de place de marché auparavant, le stockage était protégé et devait se trouver au cœur du “castrum”. C’est donc dans la vague de paix et de reconstruction, qui s’étale sur un siècle, de 1460 à 1560, qu’il faut voir s’élever la place marchande.
L’association Archéo en Savès procéda à la fin de 1995, à la fouille de trois silos à grains souterrains, creusés dans la marne (“les cros”), sous les auvents des maisons à colombages. Utilisés comme dépotoirs après usage on a pu déterminer, d’après l’étude du mobilier, qu’ils ont étés comblés entre la fin du XVIIe et le début XVIIIe siècles qui correspond, en Gascogne orientale du moins, à l’abandon de l’ensilage souterrain collectif.
Divers
L’église primitive vouée à l’Assomption de la vierge, la chapelle citée en 1201 devait correspondre à la chapelle de Peygamont, qui se trouvait au cimetière, de fait très ancien comme celui de Gensac. Les confrères, de la confrérie de Notre-Dame de Pitié, institué en 1307 et approuvés en 1348, s’y réunissaient.
Bourg important par sa position militaire puis commerçante et agricole, Montpezat eut des notaires dès 1305, dont la suite de l’étude ne sera rattachée à Lombez qu’en 1812, une boucherie attestée en 1669, jusqu’à six meuniers et leurs moulins à vent dont celui, magnifiquement conservé, de Gensac.

De nombreux objets archéologiques découverts à Montpezat, dont des éléments médiévaux et les poteries découvertes dans les silos sont visibles au Dolium (centre d’exposition du CERAMES à Montpezat).