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La prospection pédestre
1-Obligation administrative et citoyenne :
La prospection pédestre est une opération qui nécessite d’obtenir une autorisation de la part du SRA[1] mais aussi celle du propriétaire.
La demande auprès du SRA doit être renouvelée chaque année. Le résultat des opérations de prospections fait l’objet d’un rapport remis en fin d’année.
2-Généralités :
Nous effectuons nos prospections sur terres cultivées. Les labours répétés permettent de faire remonter des indices attestant d’une occupation du sol à une période donnée.
On entend par indices des éléments de matériaux de construction, des fragments de céramique, du mobilier métallique, des galets aménagés, silex, scories etc.
C’est en fonction de la concentration des éléments recueillis que l’on qualifie une zone de « site archéologique ».
3-Conditions :
3.1-Le matériel : sac à dos, sachets, carnet, GPS, canne.
3.2-La période : Les mois de février à mai sont les plus propices à la lisibilité du terrain. En effet les gelées d’hiver et les pluies permettent l’éclatement des mottes et le ressuyage des labours.
3.3-La météo : choisir un ciel plutôt couvert mais lumineux. Il favorisera la lecture des sols sans être gêné par les ombres. Eviter la prospection immédiatement après une averse car les céramiques[2], lorsqu’elles sont mouillées, se confondent avec la terre.
3.4-La méthode : que l’on soit seul ou plusieurs il est indispensable de prospecter avec méthode afin de ne pas passer à côté d’une découverte.
Lorsqu’on est seul : choisir un champ à « taille humaine » que l’on sera sûr de prospecter en 2 ou 3 heures. Faire les bords puis les diagonales et enfin les médianes pour couvrir un maximum de surface. Ne pas hésiter à s’arrêter et regarder autour de soi pour étudier les anomalies de terrain (terrasse, butte, affaissement, zone plus sombre etc.).
Lorsqu’on découvre du matériel[3] planter la canne et décrire des cercles en s’éloignant petit à petit de celle-ci jusqu’à ce que l’on ne trouve plus rien. Si la présence d’un site est avérée noter les coordonnées GPS et mettre le matériel dans un sachet dédié.
A plusieurs : l’intérêt d’une prospection à plusieurs est de pouvoir couvrir la totalité d’un champ quelle que soit sa surface.
Se placer en ligne à 5 ou 6m les uns des autres. Avancer en balayant le sol de gauche à droite. Lorsqu’on découvre du matériel on le signale à ses voisins de façon à être sûr de ne rien oublier. Comme précédemment lorsque la présence d’un site est avérée, noter les coordonnées GPS et mettre le matériel dans un sachet dédié[4]. Si la présence de matériel est très importante le groupe concentre ses efforts sur le secteur. On enregistre les coordonnées GPS et on nomme le matériel découvert. Cette méthode permet de cartographier le matériel.
4-La reconnaissance du matériel.
La collecte du matériel nécessite un minimum de formation si on ne veut pas crouler sous le poids de son sac à dos rempli de « cailloux » de toutes sortes et de fragments de tuiles modernes !
4.1 La formation en amont : elle se pratique dans les locaux du CERAMES à partir du matériel découverts lors de précédentes prospections. Elle se résume à la présentation d’objets le plus souvent trouvés tels que : tegulae[5], imbrices[6], scories de fer, silex, galets aménagés, os, céramiques[7], clous forgés, éléments de construction.
4.2 La formation sur le terrain : c’est la plus efficace et la plus enrichissante. Elle permet l’apprentissage en contexte et favorise la compréhension de la présence de certains objets à un endroit donné.
5-L’origine du matériel.
Que l’on trouve un objet isolé ou une concentration de matériel on se pose la question : « comment sont-ils arrivés là ? ».
La réponse est simple : c’est quelqu’un qui les a apportés, perdus ou fabriqués sur place !
5.1 Les objets isolés sont souvent issu des épandages de fumier. Autrefois le fumier était stocké dans la cour de la ferme et servait de dépotoir. On y jetait les tuiles cassées, les pots, bols, assiettes en céramique les bouteilles et verres brisés etc…
5.2 Les objets perdus : ce sont souvent des outils perdus pendant les labours ou moissons (clefs, tournevis, pinces etc.), des éléments de machines agricoles (écrous, vis, griffes de herse etc.) ou encore des monnaies, médailles, clous etc…
5.3 La concentration de matériel : elle signifie que des hommes sont venus et ont établi un campement, un habitat pour eux ou le bétail, un atelier artisanal (forge, céramique, tissage) ou encore un lieu de culte.
Attention cependant à certains indices trompeurs comme, par exemple, un épandage de tuiles, briques et différents matériaux de construction qui ont pu servir à combler des « nids de poules » sur un ancien chemin détruit par le remembrement[8].
6-Conclusion.
La prospection pédestre est certainement l’activité la plus agréable, la plus passionnante et la plus enrichissante de toutes celles pratiquées par le CERAMES. Cependant il ne faut pas négliger le travail qui en découle : le lavage, le classement, la publication, étapes absolument nécessaires et indispensables qui donnent tout son sens à notre association !
[1]SRA (service régional de l’archéologie) est lui-même dépendant de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles)
[2] Particulièrement les céramiques à cuisson réductrice (CCR) dons la couleur varie du marron foncé au noir.
[3] 3 ou 4 fragments de céramique de tegulae ou imbrices peuvent suffire pour s’intéresser à un secteur.
[4] Lorsqu’on est en présence d’un site à tuiles il est inutile de tout ramasser afin de garder des indices au sol lorsqu’on reviendra sur les lieux mais il est important de noter la quantité.
[5] La tegulae est aussi appelée « tuile à rebords »
[6] Les imbrices ou tuiles canal gallo-romaine ressemble aux tuiles canal modernes mais se différencient par leur aspect sur la face intérieure. La tuile GR porte des traces de démoulage (stries dans le sens de la longueur) alors que les tuiles modernes n’en ont pas et de plus elles sont granuleuses (sableuses).
[7] Pour les débutants la céramique est très difficile à reconnaitre. Elle doit être systématiquement ramassée et sera identifiée sur place ou après lavage en labo par un spécialiste.
[8] C’est cependant un indice intéressant qui permet de repérer les traces d’anciennes voies de communication. On retrouve souvent ces chemins sur les anciens cadastres.